« Nous n’avons que le vide à observer », vous disais-je le mois dernier à propos de la résurrection. Je vous suggérais d’accepter l’inattendu, ce « quelque chose en plus » qui témoigne du Christ Vivant dans notre quotidien. Ce vide, les deux compagnons qui font route vers Emmaüs l’expérimentent douloureusement. Le titre donné à ce passage d’évangile évoque souvent « les pèlerins d’Emmaüs ». Pèlerins, car ce sont des disciples en marche, et ils ne marchent pas seulement dans le but de couvrir une certaine distance. La marche fait partie de leur prière…
Et Jésus se joint à eux. Leur prière les mène à un chemin aux côtés de Jésus lui-même, qui leur fait parcourir les Écritures, depuis les récits écrits des siècles avant eux, jusqu’à ce drame de la mort et de l’absence qu’ils vivent depuis quelques jours. Jésus est avec les disciples mais ceux ci ne le réalisent pas. De même, dans notre quotidien, Dieu nous accompagne mais nous n’y pensons pas. Nous pouvons en prendre conscience lorsque nous prenons un temps, même court, pour une phrase, un passage biblique, une lecture poétique, un chant, une prière…
Alors, nous pouvons percevoir que Dieu est à nos côtés. Comme les disciples reconnaissent Jésus quand il opère le geste qui sera celui du rituel de la Cène… Et alors, il disparaît ! Notre foi serait-elle vaine ? Sommes nous condamnés à cette contradiction permanente ? Ne pas avoir conscience de la présence continuelle de Dieu dans nos vies, et devoir nous habituer à cette absence, cette disparition, dès lors que nous prêtons attention à ces gestes, ces liturgies, qui nous donnent à reconnaître Dieu ?
Non, nous ne sommes pas condamnés : les disciples ne restent pas sur leur frustration de voir Jésus disparaître sous leurs yeux. Ils acceptent le feu qui brûlait dans leur cœur, et qui continue à flamber. Ce feu leur donne l’énergie de retourner, en pleine nuit, à Jérusalem, pour témoigner. Et vous, quel feu brûle en vous ? Savez-vous reconnaître la forme d’énergie que Dieu vous donne au quotidien ?
Arthur GERSTLÉ-JOLY