LA PASSION RÉVÈLE LA GRÂCE

Nous aurions tous souhaité passer un mois d’avril heureux jalonné de fêtes printanières et pascales. Pâques, c’est la résurrection, la vie, un moment formidable d’espérance. Nous en avons tous besoin. Hélas, la pandémie qui frappe tout le monde remet cela en cause.

En écrivant ces lignes ou en les lisant, nous pensons logiquement à tous ceux qui d’une
manière ou d’une autre souffrent de la situation présente. C’est pourquoi ma réflexion
aujourd’hui se porte sur la Passion.

Quelles que soient nos souffrances, elles ont été portées par Jésus dans les jours qui précèdent Pâques. Tout y est : abandon par les disciples incapables de prier et de veiller au Mont des Oliviers, trahison de Judas, peur et angoisse, arrestation violente, reniement de Pierre, procès truqué par les autorités religieuses, violences morales, crachats, injures, moqueries, dérision, flagellation, couronne d’épines, grotesque déguisement royal, abandon du peuple qui préfère sauver Barabbas, exposition publique, fardeau de la croix et enfin la crucifixion et la
mort entre deux brigands…

Incompréhension, solitude, souffrance morale, psychique, physique, la Passion résume la misère de chacun et du monde. Dans la difficulté, on se reconnait facilement dans un de ces moments vécus par Jésus. C’est bien là que se révèle le message central de la prédication et des gestes de Jésus : en Jésus, Dieu s’investit dans le monde jusqu’à l’extrême et personne n’échappe ainsi à la présence de Dieu, même en atteignant l’heure dernière.

En outre, la Passion révèle la Grâce. Le pardon prononcé sur la Croix juste avant la mort du Christ révèle l’absolu de l’amour de Dieu pour le monde. Même les assassins qui ont tué Jésus sont pardonnés ! La Grâce est ici indépassable et le mal est vaincu : car il n’emprisonne pas Jésus dans la haine, la violence ou la vengeance, mais jusqu’au bout, Jésus reste libre. Face à la mort et au mal, il affirme son message de vie, d’espérance et d’amour.

Quand sur la route d’Emmaüs les deux compagnons ont passé ces événements en revue, ou lorsque Marie Madeleine au tombeau s’abandonne à ses pensées et entend l’écho de son nom, alors les uns et les autres, témoins de la Passion, deviennent les témoins de la vie. La résurrection s’affirme là au plus profond de la détresse. Ici, tout est décapé pour laisser libre passage à l’amour de Dieu.

C’est un message d’espérance pour le monde. C’est un message pour aujourd’hui.

Vincens Hubac