LE POT DE FARINE NE S’ÉPUISERA PAS… (1 Rois 17, 8-16)

Le chapitre 17 du premier livre des Rois décrit une forte famine dans le pays d’Israël, résultant d’une sécheresse d’une durée inhabituelle (plus de trois ans, si l’on en croit 1 Rois 18, 1). Élie, d’abord réfugié dans la montagne, à proximité de Jéricho, et nourri par les corbeaux, se déplace ensuite vers le nord, en Phénicie (le Liban actuel), pour y trouver asile chez une veuve. 

Bien curieux choix que Dieu fait là, d’envoyer le prophète à cet endroit ! Il aurait pu lui trouver un protecteur puissant et riche, israélite, en mesure d’assurer la survie d’Élie bien mieux que cette pauvre veuve affamée et désespérée… À cette femme il ne reste plus qu’un repas, et aucun espoir de subvenir à ses besoins, pas davantage de prendre soin de son enfant. D’ailleurs, elle le souligne au prophète lorsqu’il lui demande du pain : « Je n’ai rien de cuit ». Et elle lui précise que son fils et elle vont ensuite attendre la mort. 

Au comble du culot, pourrait-on dire, Élie insiste : « Fais comme tu l’as dit, mais prépare-moi d’abord une petite galette ». Quel égoïsme ! Quel manque de considération ! Et en guise d’explication, la seule promesse d’un miracle : « Le pot de farine ne s’épuisera pas ». Comment serait-ce possible ? La veuve ne le sait pas, elle ne croit même pas au Dieu d’Élie. Et pourtant… Elle fait ce qui lui est demandé. Et le peu qu’elle a se partage, encore et encore, pendant des jours. 

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous réunir le soir. L’arrivée des longues nuits et des basses températures s’accompagne d’une injonction à rester dans nos foyers. Nous ne pouvons plus partager de nourriture, et même la Cène est suspendue, pour limiter le risque de transmission des virus, et de l’un d’eux en particulier, à nos sœurs et frères parmi les plus fragiles. Et pourtant… L’enjeu est grand : ne pas nous assécher, garder le contact, continuer à enrichir notre foi et à partager la Bonne Nouvelle et tout ce qu’elle nous fait vivre. 

N’oublions pas de garder le contact. Par courrier, par téléphone, par le culte, par zoom… Le pot de farine ne s’épuisera pas. 

Arthur Gerstlé-Joly