Pâques, combat contre l’opacité
Les événements de la Passion du Christ n’étaient pas seulement tragiques et sinistres, mais infiniment tristes et enténèbrants. C’est en plein jour que les ténèbres frappent la ville sainte et toute la terre, avant que le soleil ne se dérobe purement et simplement (Luc, 23,44-45). Le groupe des amis de Jésus s’est décomposé. Les uns se cachent, les autres s’éloignent de Jérusalem dans l’anonymat et la détresse. Le soir, un disciple clandestin profitera de la pénombre du soir pour aller chercher furtivement le corps du crucifié (Matthieu 26,57 ; Marc 15, 42).
Ce sombre décor ne sert-il pas de propédeutique aux narrations pascales où, à l’inverse, les mentions de l’ « aube » et d’ « habits resplendissants » témoignent de la lumière et de sa puissance sur les choses de la nuit ou de la mort ? Les événements de Pâques renvoient aux récits de la création. Le chapitre 1 de la Genèse montre l’effondrement de l’opacité de l’abîme. Il célèbre la mise en ordre de la lumière, de la transparence originaire. Le monde est ferme. Sa sécurité tient de la clarté qui y luit.
La résurrection du Christ scelle cette même vérité et sa solidité. Non, dans la nuit, tous les chats ne sont pas gris… Pâques illumine le monde. Contre les opacités entêtées, toujours renaissantes, toujours menaçantes, une lumière a resplendi. « Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu » (Luc 12,2). C’est dit. Cette promesse de victoire sur les enténèbrements nous concerne singulièrement aujourd’hui.
Pour nos choix politiques comme dans nos comportements, l’évènement pascal nous sollicite : pourquoi ensevelir la confiance, travailler à sa corruption, au lieu de contribuer à la beauté en ce monde ? Est-vous capables de débouter l’éthique des « arrangements » et leurs opacités ?