Il y a au mois de novembre comme un parfum de nostalgie. Est-ce l’automne ? L’éloignement des vacances d’été ? Le temps des premières fraîcheurs ? Ou est-ce le fait de commencer ce mois par honorer les morts ? Au lendemain de la Toussaint, fêter les morts, un jour spécial par an, me semble curieux. Le seul avantage que j’y vois est que les cimetières sont particulièrement colorés ces jours-là. Pourquoi un jour spécial ? Est-ce, plus ou moins refoulé, la peur des morts auxquels on ne manque pas d’apporter un petit cadeau sous forme d’un chrysanthème ? Signe d’un culte des morts auquel ce rituel appartient ? Sans doute y a-t-il dans ce geste un signe d’affection vis-à-vis de la personne disparue !
L’éloignement, les occupations quotidiennes, peut-être notre égoïsme, ne permettent pas d’aller souvent au cimetière. On met donc un jour à part à cet effet… Quoi qu’il en soit, les protestants ont un certain recul par rapport à tout ce qui s’apparente au culte des morts. Les réformés sont catégoriques, le culte s’adresse aux vivants qui entendent prêcher la Bonne Nouvelle. Pour les morts, ils font confiance à Dieu. Aux yeux des protestants, aller au cimetière ne revêt donc pas un caractère obligatoire et les carrés protestants ne sont pas les mieux entretenus de nos cimetières… ce qui n’est pas forcément un exemple à suivre ! Les tombes protestantes sont généralement sobres et un verset biblique ou une croix huguenote rappelle aux passants que la personne qui repose là appartient à la « religion du Livre »…
Cependant, en ce mois de novembre, si mes pas me guident le long d’un cimetière, je saurai bien profiter des couleurs des fleurs et des frondaisons automnales. Pour ce qui est de nos chers disparus, ils se trouvent là où je suis, dans mes pensées, au pays des vivants : il n’est pas nécessaire d’avoir un jour spécialement dédié à leur souvenir. Alors que la nature s’endort doucement, pour affronter l’hiver, et que la lumière se fait de plus en plus rare, nous n’avons pas à nous laisser aller à la tristesse, à la nostalgie ou aux rêveries. Nous sommes porteurs d’un message d’espérance, de joie, de vie, hérité de l’enseignement de la Bible, et déjà nous annonçons Noël !
Vincens Hubac