Printemps 2019

Un enfant hier, jouant au jardin par grand soleil, posa par mégarde la main sur une tôle et la retira aussitôt : le métal était brûlant. Nous étions le 22 février 2019, sous la latitude d’Orléans. Un petit pêcher exhibait des grappes de bourgeons prêts à éclater, les poules caquetaient, deux papillons d’un jaune éclatant voletaient çà et là et un gros bourdon vrombissait solitaire.

Il nous reste pourtant un mois d’hiver encore, les gelées auront sans doute raison du petit pêcher et des papillons. On hésite, à les contempler, entre l’admiration et l’angoisse. La précocité des printemps nous laisse, ces dernières années, des journées délicieuses que nous recevons comme une grâce mais que nous savons volées à l’été. Volées aux années qui restent devant nous.

Volées à nos enfants, à toute la famille des papillons et à l’espèce des bourdons. Et ces mêmes enfants pourtant descendaient au jardin avec l’idée de « tuer les gendarmes », écraser ces petits insectes qui pullulaient au pied des arbres et sur les mottes de terre du potager.

Qu’est-ce que cet homo sapiens qui ne naît que pour piétiner des punaises, couper les arbres pour une branche tombée ou un mur écroulé, empoisonner la terre, l’air et l’eau pour l’orgueil d’atteindre la lune, et qui vient encore revendiquer ses actes comme une nécessité économique, qui prétend même, on l’entend dire toujours plus fort, que tant pis pour les perdants, les faibles, les « substituables », qui d’ailleurs ne pourraient s’offrir les paradis de haute technologie, les rustines et les prothèses du transhumanisme ? Qu’est devenu le message des Évangiles dans cette nouvelle version de la loi de la jungle ?

Nous ne manquons pourtant pas de prophètes dont la voix porte loin grâce aux ondes et aux réseaux. Et nous voyons partout se lever des messagers d’espoir. C’est le moment ou jamais de reconnaître les voies du salut et d’agir dans l’éducation à la justice, à l’humilité, au souci et au respect des plus petits d’entre nous.

Renée Piettre

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