ENTRAIDE ? ENTRE, AIDE !

Qu’est-ce que l’entraide ? Pitié, empathie, charité, altruisme, générosité, solidarité ou encore un peu de tout cela à la fois ? La pitié, l’empathie, l’altruisme sont des sentiments ou des attitudes, qui peuvent éventuellement amener à des gestes individuels de générosité ou de charité, des actions de don, de personnes plutôt privilégiées vers des individus qui le sont moins.

La solidarité est une notion plus large que la relation entre deux individus. Le mot « solidarité » dérive du latin
« obligatio in solidum », qui désigne en droit romain une obligation communautaire, littéralement une « obligation pour le tout ». Autrement dit, appartenir à un groupe, une famille, un clan, une société, signifie devoir assumer une pratique sociale, prendre
ses responsabilités au sein d’une collectivité, car la communauté ne peut exister que si les individus qui la composent sont interdépendants.

Et l’entraide, alors ? Nul besoin d’étymologie, il suffit de découper le mot pour y voir une «aide entre », sous-entendu, entre des personnes égales par ailleurs. Il est possible de rapprocher ce mot du texte de la Genèse, dans le second récit de la Création (Genèse
2, 18-23) : Dieu propose un certain nombre d’animaux comme aides à l’être humain qu’il a façonné, car « il n’est pas bon d’être seul »; mais l’humain n’accepte qu’une aide qui vienne de son essence, une aide qui lui soit égale.

C’est sans doute pour cette raison que les associations protestantes idoines s’appellent des Entraides, et non des « associations protestantes de solidarité » ou autre nom qui serait peut-être, a priori, plus parlant… Comme chrétiens, nous savons que le premier des
commandements est d’aimer nos prochains comme nous-mêmes. L’autre, la personne qui se présente à moi, est d’abord mon prochain, ma prochaine. En tant que telle, cette personne est un don de Dieu, mon égale, enfant de Dieu comme je le suis.

Alors, accueillant l’autre comme un cadeau de Dieu, répondant à son besoin, nous pourrons reprendre la parole d’Esaïe : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi. Oui, il m’a consacré pour apporter une bonne nouvelle aux pauvres ! ».

Arthur Gerstlé-Joly