NOËL, QUEL SYNCRÉTISME !

Voici plusieurs mois que nous manifestons notre envie de sortir de la pandémie qui nous préoccupe depuis près de deux ans (souvenez-vous, il y a deux ans on s’inquiétait à peine de cette maladie étrange qui nous venait de Chine…). La rentrée a été fulgurante pour la plupart d’entre nous, toutes les activités reprenant au plus fort, « comme avant », voire davantage. L’an dernier, la célébration de la fête de Noël a été limitée, aussi nous sommes impatients de retrouver nos proches, nos coutumes, nos rites autour de cet événement.

À Noël, dans les Églises chrétiennes, nous fêtons le mystère de l’Incarnation, autrement dit, le cadeau immense que Dieu fait à l’humanité en se conformant à la vie de ses créatures pour mieux les sauver. Nous célébrons l’extraordinaire présence de Dieu dans les plus faibles, les plus petits : qu’y a-t-il de plus flagrant comme manifestation de faiblesse que le manque d’autonomie d’un nouveauné ?

Cette célébration du miracle de la toute-puissance faite homme s’accompagne de nombreux éléments légendaires : au-delà et autour de la crèche illustrant la présence particulière de Dieu parmi nous, nous voyons apparaître des sapins, leurs décorations, le père Noël… Ce dernier, qui semble n’avoir aucun lien avec le christianisme, est un personnage qui a fait bien du chemin !

En effet, il naît vers 270 sous le nom de Nicolas de Myre. Ce jeune romain, converti très jeune au christianisme, devient évêque, meurt en martyr et est canonisé par l’Église. Celui que l’on appelle alors saint Nicolas est fêté le 6 décembre. Il est popularisé au XIIe siècle, dans le nord de la France, en Belgique, aux Pays-Bas, où l’on raconte que Saint Nicolas descend dans les chaumières la nuit du 5 au 6 décembre pour distribuer des cadeaux aux enfants sages. L’iconographie le représente avec sa mitre et sa houlette d’évêque, et une chasuble verte.

Au XVIIe siècle, la Réforme et les répressions qui en découlent font migrer les Hollandais vers le continent américain. Ces migrants perpétuent dans leur nouvelle patrie leurs traditions, et Nicolas Sinter Klaas en néerlandais continue à distribuer les cadeaux, mais lors de la nuit de Noël, du 24 au 25 décembre (Réforme oblige).

La fin de l’histoire, nous la connaissons : Santa Claus, le père Noël, nous est revenu après son américanisation et son « lifting » par Coca-Cola, qui a changé son costume d’évêque vert ou bleu en sa houppelande et son bonnet rouge vif…

Fêtons le miracle de l’Incarnation, et ne jetons pas les symboles qui y sont associés sans en connaître l’histoire…

Joyeux Noël !

Arthur GERSTLÉ-JOLY