Un tombeau bien vide… (Jean 20)

Nous le savons, ce sont des femmes qui sont les premières à « voir » la résurrection. Et le verbe est entre
guillemets, car ce qu’elles voient, c’est surtout… une absence. Une anomalie. Un inattendu. La pierre du tombeau est roulée, alors qu’elles se demandaient, justement, comment la rouler pour embaumer le corps de Jésus mis
à mort avant le Sabbat…

Les femmes, en particulier Marie de Magdala, reviennent sur leurs pas et signalent le problème. Les disciples ne les croient pas, veulent se rendre compte par eux-mêmes. Ils font la course, Pierre et Jean, les deux zélés, et Jean « voit et croit ». Le tombeau vide lui a parlé, lui a évoqué tout ce qui avait été dit auparavant par Jésus, comme dans ces « flashbacks » qu’on peut voir dans les films, où le héros comprend ce qui s’est passé avant, à la lumière d’un fait nouveau. La lumière… Avec le vide, c’est la clé.

C’est le guide, dans tout l’évangile de Jean. Jésus n’a-t-il pas dit « Je suis la lumière du monde » (Jean 8, 12 et 9, 5) ?

Marie n’a que le vide, et elle n’a pas les paroles réconfortantes qui éclairent la signification de cette absence, de ces certitudes effondrées qui finissent même par lui faire croire qu’elle a rêvé. Plus de Maître, plus de guide. Elle est désespérée, elle pleure.

Et la lumière l’appelle, l’attire. Les vêtements blancs des anges attirent son attention. C’est un signe… Peut-être qu’il s’agit d’une préfiguration du Paraclet, cet Esprit, ce Consolateur que Jésus a promis et qui vient ? Marie appelle à l’aide. Le vide est insupportable, elle veut qu’on lui rende au moins un élément tangible, qui la sorte de ce cauchemar.
« Marie ! » ; c’est Jésus lui-même qui l’appelle. C’est en entendant Jésus l’appeler, elle, par son nom, qu’elle le reconnaît. Puis l’appel se transforme en envoi. De désespérée, Marie de Magdala devient messagère. Vers les autres, vers le monde !

Christ est ressuscité, pour nous, aujourd’hui. Nous n’avons que le vide à observer, et bien malins sont ceux qui nous le font remarquer, qui pensent que nous croyons à des chimères. Nous pouvons pleurer devant l’absence… Ou bien nous pouvons entendre l’appel. Quel sera notre inattendu aujourd’hui ? Verrons-nous les anges consolateurs ? Saurons-nous écouter l’appel de Dieu, pour nous, à chaque instant, qui nous envoie dans le monde ?

Alléluia, Christ est ressuscité !

Arthur GERSTLÉ-JOLY