L’espérance… Voici un mot qui fait couler de l’encre, presque autant que le bonheur ! On la recherche, on souhaite la pratiquer, on la cultive comme une vertu… Qu’est-elle donc ? Qu’en faire ?
Paul déjà, au début de notre ère, a écrit dans sa lettre aux Romains un enchaînement qui, depuis, laisse des générations de fidèles perplexes sur son exégèse : « Bien plus, nous sommes fiers parce que nous souffrons. Nous le savons : la souffrance rend patient, et quand quelqu’un est patient, il reste fidèle malgré les difficultés. Celui qui est fidèle garde l’espérance, et cette espérance ne trompe pas. En effet, Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par l’Esprit Saint qu’il nous a donné. » (Romains 5, 3-5)
Faut-il souffrir pour espérer ? L’espoir ne peut-il naître que sur le terreau de la peur, de la violence, alors que tout serait propice au désespoir ? Laissez-moi vous raconter une histoire. Celle de Graham*, qui a vu son père assassiné sous ses yeux puis a fui son pays pour survivre. Il a été emprisonné en Libye, battu, et lorsqu’il a été libéré il a continué son chemin vers l’Europe. Il a vu sa compagne se noyer à ses côtés, il a subi le rejet et le racisme en Italie, puis en France, où comme beaucoup, il a dû se battre pour sa demande d’asile, obtenir des papiers, une assurance maladie, un travail. Graham rêvait de devenir footballeur professionnel, il l’a dit quand il a rejoint son équipe de foot. C’était un rêve fou, inaccessible peut-être. C’était ce qui le faisait avancer, ce qui lui permettait de passer les obstacles, de survivre à l’horreur, au racisme, à tous ces rejets et ces phobies dont il faisait l’expérience au quotidien. Il apprenait le français, il avait trouvé une formation, il s’engageait dans des associations… Graham était chrétien. Peut-être estce cela, le secret de l’espérance dont parle Paul : la promesse du salut inconditionnel donné par Jésus-Christ donne la capacité de faire des rêves.
Le christianisme est une religion du salut, de l’espoir. Nous croyons que nous avons déjà gagné, nous avons l’assurance de la grâce de Dieu pour nous, ses créatures. C’est ce qui nous donne la possibilité de rêver… donc d’espérer ! « Que Dieu, qui donne l’espérance, vous remplisse de paix et de joie à cause de votre foi ! Alors vous serez pleins d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. » (Romains 15, 13)
Arthur GERSTLÉ-JOLY
*Le prénom a été modifié.