De la fête et du vide…

En miroir du temps de Carême quarante jours avant Pâques, voici le temps de la fête, après la résurrection ! Évidemment, il ne s’agit pas d’un miroir exact, plutôt d’un miroir grossissant, car là où la liturgie nous a donné quarante jours pour nous préparer à la plus grande fête de l’année, elle nous en donne cinquante pour prolonger les festivités, tout en les multipliant (ainsi que les jours fériés) : Ascension puis Pentecôte.

Beaucoup de fêtes, beaucoup de significations mais… savons-nous vraiment ce qui se cache sous ces fêtes ? N’y a-t-il pas pour nous, qui avons la foi aujourd’hui, comme un relent de vide, de manque, quelque chose que nous ne pouvons pas expérimenter, là où nos ancêtres des premiers siècles avaient pour eux la proximité des miracles ?

L’Ascension est la fête d’un départ, d’une élévation. Elle présente les deux côtés d’une même pièce, un peu comme le départ d’un jeune adulte du nid familial : bien sûr, comme parents on est heureux que notre enfant prenne son indépendance, mais on ne peut pas s’empêcher d’être inquiet, de scruter sa chambre vide en se disant qu’elle va le rester jusqu’à son retour, dans quelques semaines peut-être.  Jusqu’au moment où il est vraiment parti, et où les parents redeviennent un couple plus expérimenté.

Les disciples scrutent le ciel, comme les parents la chambre vide. Et il leur faut deux anges pour leur rappeler qu’ils ont du pain sur la planche (Actes 1, 10- 11). Les disciples ne sont plus seulement des personnes qui suivent leur maître. Ils sont acteurs, ils deviennent responsables. Ils doivent prendre des initiatives, sans pouvoir demander conseil à leur Rabbi.

Cette prise de conscience et de responsabilités, ils sont encore en train de la faire lorsque la Pentecôte survient. C’est la surprise, la joie, le souffle plus puissant que tout ! Les disciples ne sont plus seuls, et le résultat ne se fait pas attendre : plusieurs milliers de personnes adhèrent à la Bonne Nouvelle.

À nous de prendre conscience de ce vide que nous ressentons peut-être, et de ce qui nous incombe : notre foi nous rend responsables de la transmission de l’évangile.

Arthur Gerstlé-Joly

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