LE FEU ET L’ESPÉRANCE

En novembre les jours raccourcissent et la fraîcheur devient vite froidure. Nous avons tout pour lutter contre le froid et souvent de manière exagérée, nos logements étant surchauffés. L’énergie sert aussi à nous éclairer : nos soirées d’automne ou d’hiver sont aussi longues que nos soirées d’été. Le feu et sa maîtrise par l’homo erectus, un de nos ancêtres il y a environ 500000 ans, ont bouleversé les vies : meilleure nourriture par la cuisson, meilleur confort, meilleure sécurité, le feu éloignant les grands prédateurs, et du temps de gagné le soir pour raconter, se raconter, peut-être jouer. Le langage s’est sans doute développé et diversifié dès cette époque.Le cerveau aussi a pu grossir, et l’intelligence se développer.

Peu à peu, au fil des soirées, au long des millénaires, des histoires, des souvenirs, des réflexions ont vu le jour. Mythes et religions plongent sans doute leurs racines lointaines dans ces temps reculés. Mais le feu, c’est aussi le développement de la technique, le durcissement des armes en bois par exemple. La puissance de l’homme fait un bond, et de nouveaux problèmes surgissent, ainsi les feux de forêt et le début de l’extinction de la mégafaune.

On a l’impression que les choses se répètent depuis fort longtemps. Si les circonstances changent, climat ou écosystèmes, les êtres humains en revanche changent relativement peu. La crise écologique que nous traversons, les inquiétants projets des transhumanistes, nous prédisent que l’homme vivra éternellement, qu’il sera connecté, augmenté, transformé. Tout cela nous met en garde. Si, grâce à Prométhée, disent les mythes, nous avons le feu et la puissance, on ferait bien de faire attention à ce que l’espérance ne reste pas enfermée et inaccessible.

Le monde chrétien est attaché à l’espérance annoncée en Jésus-Christ, qui nous libère de la peur de l’avenir et des conséquences de la science. Il affirme la dignité de l’homme et le fait que chaque être humain est unique. On ne peut formater l’homme ou le bricoler sans conséquences. La puissance technologique mise à notre disposition depuis si longtemps s’est emballée. On guérit de plus en plus de maladies, mais on produit des engins de mort.

On circule de plus en plus vite, mais on pollue tout autant. On a une longévité plus grande, mais nous laissons à nos enfants un monde saccagé et un homme dévalué. Or l’espérance n’est pas un vain mot : de la destruction de Jésus mort sur la croix est sorti le Christ, Parole éternelle de vie. Une vie plus forte que la mort.
Espérer ce n’est pas rester sans rien faire, c’est nous libérer des angoisses et des peurs pour nous permettre d’agir !
Alors…, alors menons un combat de tous les jours pour le monde, pour nos enfants, pour un message de justice et de paix.

Vincens Hub