LE TEMPS DE L’ESPÉRANCE

L’automne est là, le temps passe. La rentrée est derrière nous, parmi les souvenirs de ce qui est déjà le passé. Tout va si vite, et les feuilles des arbres qui jaunissent et tombent nous rappellent cette réalité dans la nostalgique beauté de leurs couleurs. L’automne : nous passerons cette saison avant de nous engourdir dans la froidure hivernale. Mais le temps qui passe nous propulse vers un avenir incertain, plein de promesses et d’angoisses. Comment suspendre le vol du temps ? Lamartine et bien d’autres se sont posé la question. Coincé entre le passé et le futur, le temps ne s’arrête pas, insaisissable – existe-t-il seulement ?

Absurde, dans sa course infinie, le temps en fait n’est rien sans espérance. Celle-ci s’inscrit dans la durée entre deux infinis. Dans le passé demeurent gravés le souvenir, le témoignage et les racines qui donnent du sens à la vie, la structurent et la projettent vers le futur. La Bible joue ce rôle pour ses lecteurs : elle dit l’histoire de l’expérience religieuse des Hébreux et des premiers chrétiens, l’histoire de Moïse et de la loi, des Prophètes, de la Sagesse et de la Promesse finalement : celle d’un monde nouveau sur la Terre promise pour le peuple élu.

Jésus ne met pas cela en cause. Il élargit la promesse de salut au monde, aux étrangers, à ceux qui semblent en être exclus, un salut qui dit l’amour de Dieu au monde. Aujourd’hui nous vivons de ce passé qui nous nourrit toujours. Et puis il y a le futur : la promesse pour la fin des temps. Cette promesse se vit elle aussi au présent. Comme dans l’Apocalypse que nous étudions cette année, les chrétiens des premiers siècles, subissant les persécutions d’un empire, puisaient une partie de leur courage dans la promesse du salut et l’attente de l’établissement futur de la Jérusalem céleste. Cette promesse d’un avenir actualisé dans le présent est fondée sur le témoignage du passé : c’est l’éternité qui nous rejoint et nous permet de vivre une plénitude qui dépasse la fuite du temps et donne enfin du sens au monde et à la vie.

Vincens Hubac