RALENTIR

Le mois de juin fut effréné, avec un assouplissement très net des contraintes sanitaires qui ont rythmé notre vie ces derniers dix-huit mois. Ce fut comme une course à la reprise, une volonté de retour « à la normale », et tout ce qui va avec, dans notre région parisienne survoltée et surpeuplée : densité de trafic routier et ferroviaire augmentée, accidents de personnes multipliés, bouchons, incivilités, et une agressivité latente qui explose en différentes occasions, jusqu’à atteindre le président de la République. Est-ce parce que nos bouches sont encore régulièrement cachées derrière nos masques ? Il semblerait que nous ayons pour partie perdu l’usage de la communication orale, de la discussion. Serait-il impossible de s’entendre, de s’écouter sans arriver aux gestes violents ?

La Bible nous rappelle régulièrement le décalage entre Dieu et les humains, en particulier dans l’appréhension du temps. Le psalmiste le souligne dans une supplique à Dieu : « Pour toi, mille années passent aussi vite que la journée d’hier, ou quelques heures de la nuit » (Psaume 90, 4). La sagesse de Dieu vient sans doute de cette appréciation si particulière du temps, et le recul que cela lui permet. Peut-être est-ce quelque chose que les Hébreux avaient déjà perçu, et qui a été transmis dans les commandements : le Shabbat, le jour du repos, est le cinquième commandement, celui qui vient juste après les commandements concernant Dieu (Exode 20). Quel est le rapport entre notre relation à Dieu et les tensions de notre monde ? Le Shabbat est un jour consacré à Dieu, un jour de repos. Une fois dans la semaine, il est primordial de ne rien faire, de ne pas travailler, de n’avoir d’autre souci que celui d’adorer Dieu.

Profitons de ces mois d’été pour remettre à l’honneur ce temps, prendre le temps pour ne pas le subir. Profitons de cette occasion de nous arrêter, de partir pour les personnes qui le peuvent, pour contempler ce qui nous entoure, consacrer du temps à Dieu pour le laisser nous guider vers notre prochain : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même » (Luc 10, 27).

Arthur GERSTLÉ-JOLY

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