Carême… car « aime ! »

Le 2 mars, mercredi des Cendres, nous entrons en Carême. Qu’est-ce donc ? Une sombre période où l’on ne peut plus faire la fête, manger de sucreries, où l’on doit jeûner ? Pour beaucoup de croyant.e.s issu.e.s des courants de la Réforme, le Carême est synonyme de privations et de leçons de morale imposées par le clergé catholique. Convaincus de la grâce de Dieu et de l’inutilité de « gagner son ciel » par des privations, les Réformateurs ne voyaient pas d’intérêt au Carême.

Replaçons les choses : le Carême, c’est un temps de quarante jours avant Pâques. Cette « quarantaine » n’a rien de sanitaire, d’expiatoire ou de punitif, il s’agit d’un temps mis à part, un temps de cheminement aussi. Les exemples bibliques sont nombreux, à commencer par celui du Déluge où Dieu impose un temps de repos à la création tout entière (Genèse 7.17), celui de Moïse et sa route de quarante ans dans le désert (Exode), mais aussi la marche dans le désert du prophète Élie (1 Rois 19.8). Tous ces exemples sont des précurseurs du temps de quarante jours de Jésus au désert, raconté de manière très laconique par les trois évangélistes qui en parlent (Matthieu 4, 1-2 ; Marc 1.12-13 ; Luc 4.1-2).

Alors que faire de cette quarantaine ? Il s’agit de prendre au mot ce cheminement, de se déplacer… d’aimer. Nous pouvons prendre ce temps du printemps naissant pour regarder autour de nous, chercher les plantes qui poussent, celles qui pourraient agrémenter notre été : plantes aromatiques, nourricières, ludiques, fleurs… Nous pouvons aussi observer notre environnement et chercher une personne que l’on peut aider pendant cette période : un voisin qui a du mal à se déplacer, des migrants hébergés dans les locaux de la paroisse d’à côté… Nous pouvons aussi nous attacher à réduire les inégalités que nous pouvons constater. Et la plus généralisée concerne… les femmes ! C’est ainsi qu’est créée la journée du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes. Interviewons les femmes autour de nous, laissons parler notre imagination, mettons-les en avant pour une société plus juste, plus près du Royaume de Dieu, une société qui prend vraiment en compte la femme créée par Dieu comme un vis-à-vis de l’homme, à égalité (Genèse 2, 20-23).

Belle entrée en Car-aime !

Arthur GERSTLÉ-JOLY

P.S. : Aviez-vous trouvé l’événement biblique que nous fêtons le 2 février, jour de la Chandeleur ? Si vous avez suivi les indices, vous avez compté que cette date est le 40e jour après Noël ; l’évangile de Luc parle de la cérémonie de purification ainsi que de la consécration du premier-né de la famille ; et le Lévitique précise que cette purification doit se faire 40 jours après la naissance. Il s’agit donc à la fois de la purification de Marie, de la présentation de Jésus au Temple et de sa consécration au Seigneur.