Les Psaumes sont, parmi les textes bibliques, à la fois les plus connus, répétés, chantés, transmis, en famille ou en communauté, et les moins étudiés dans nos groupes bibliques ou en exégèse. Avez-vous souvent entendu une prédication sur un psaume ? Pourtant, ces poèmes ne manquent pas de profondeur théologique, si l’on accepte d’aller plus loin que les apparences.
Ainsi, le psaume 22 nous est très connu, en particulier parce que les évangélistes Marc et Matthieu le glissent dans la bouche de Jésus lors de la Passion : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume 22, 2 repris en Marc 15, 34 et Matthieu 27, 46). Il s’agit, au premier abord, d’un véritable cri de désespoir du croyant pris au piège du doute le plus insondable : « mon Dieu, je crie le jour, et tu ne réponds pas » (Ps 22, 3). Le psalmiste ne s’arrête pas là. Oui, il crie, il exprime sa souffrance, et son doute ne l’empêche pas de cheminer en son for intérieur. Tour à tour, il examine ses sentiments, sa relation à Dieu (« mon Dieu », ce n’est pas rien de dire cela !), la situation dans laquelle il se trouve, et la foi qui lui a été témoignée et transmise par les générations précédentes. Au tréfonds de lui-même, dépouillé de tout ce qui l’entoure, de toute affection, de tout bonheur, il ne reste qu’une seule chose, chevillée au corps et au cœur : sa relation à Dieu.
Alors s’opère le retournement soudain, la volte-face : « Sauve-moi de la gueule des lions et de la corne des buffles ! Tu m’as répondu ! » (Ps 22, 22). Le dernier appel à Dieu, celui de la survie, obtient une réponse. Et quelle réponse ! De celles qui galvanisent, qui permettent au psalmiste, et à toutes les personnes qui reprennent ses paroles à sa suite, de passer de la relation personnelle à Dieu au témoignage en Église locale, en communauté, en fraternité. Et plus encore, au monde entier !
De même que le psaume 22 doit être lu jusqu’au bout, pour ne pas rester dans le doute et le désespoir, nous ne pouvons rester sur la mort du Christ en croix. Oui, le désespoir existe, la mort existe… Et en tant que chrétien. nes, n’oublions pas la Résurrection !
Joyeuses Pâques !
Arthur GERSTLÉ-JOLY