Comme le psalmiste dans son huitième chapitre, nous pouvons reprendre à notre compte cette acclamation, à chaque fois que nous avons l’occasion d’admirer la puissance, la force et l’équilibre de la Création qui nous entoure. Essayez : en sortant de chez vous, guettez les pousses dans la moindre faille des murs et des enrobés goudronnés ; tendez l’oreille pour percevoir les piaillements des différents oiseaux… Ou si, comme nous en avons la chance, vous êtes à proximité d’espaces verts (parc de Sceaux, coulée verte, bois de Verrières, …), cherchez les harmonies de végétaux et animaux : qui saura trouver l’écureuil qui faufile d’arbre en arbre ?
Et pourtant… Le psaume 8 n’est pas seulement un hymne à la gloire de Dieu et de ses talents de Créateur… Il représente aussi un temps d’humilité : « qu’est-ce qu’un être humain pour que tu prennes soin de lui ? » Nous sommes, nous aussi, des merveilles complexes d’imagination, d’unicité, au cœur de la Création, si puissant.es d’intelligence, de conscience et de perception, entrelacé.es dans un maelström d’entités toutes inter-connectées, dans ce qu’on appelle un écosystème. Et on sait aujourd’hui que nous ne percevons qu’une infime partie des relations dans ces systèmes particulièrement complexes. Belle leçon d’humilité de prendre ainsi la mesure de l’immensité et la variété de ce qui nous entoure !
Après l’humilité vient le pouvoir… Comme une manière de se rassurer ? « Tu lui donnes pouvoir sur tout ce que tu as fait, tu as tout mis à ses pieds… » Voici le retour de la domination de l’humain sur la Création, comme dans ce passage de la Genèse qui peut autant nous gêner. Peut-être est-ce le moment de se souvenir que de grands pouvoirs donnent surtout de grandes responsabilités ? À nous de nous lever, aujourd’hui, pour faire davantage qu’admirer la Création. Prenons le temps de l’observer, et de la protéger, préserver son fonctionnement, ses mécanismes spontanés de cycle, de réutilisation, recyclage, nettoyage… Profitons de ces facultés plutôt que de les entraver ! Défaisons-nous de nos préjugés et remettons la Création au centre.
Arthur GERSTLÉ-JOLY