Carême : se dépouiller ? De tout… sauf de l’amour !

Cette année, « hasard » du calendrier, le mercredi des Cendres, premier jour du Carême, coïncide avec la Saint-Valentin, jour réputé pour la fête de l’amour, en particulier l’amour conjugal. Si je mets le mot hasard entre guillemets, c’est que je me range à l’opinion d’Albert Einstein, pour qui « le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito ».

Quelle signification apporter à cette jolie coïncidence ? Comment faire cohabiter l’humilité suggérée par la période de Carême, avec le faste et le luxe souvent présentés par les commerçants pour valoriser l’amour qu’on porte à son alter ego ? D’aucuns me diraient que le Carême n’est pas protestant… L’idée d’une période de jeûne et d’abstinence, de repentir et d’humilité, juste avant la grande fête de Pâques, sous- entendrait qu’on « mériterait » la Résurrection, ce qui va à l’encontre du principe de sola gratia, « seule la grâce de Dieu sauve»!

Et si le Carême n’était pas seulement une période de privation, mais surtout une période de réflexion, sur la grâce que Dieu nous donne inconditionnellement, par exemple ? Ainsi, on pourrait imaginer relire, pendant ce temps de quarante jours avant Pâques, le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens… Et méditer chaque jour sur cet amour dont Paul parle, un amour qui va au-delà de toutes les compétences, de tous les talents, de toutes les bonnes volontés. Un amour éternel, qui permet tellement de choses : il excuse, il croit, il espère, il supporte (1 Corinthiens 13, 7)… Cet amour n’est pas le nôtre, mais bien celui de Dieu, celui que Dieu choisit de nous témoigner sans aucune contrepartie !

Alors, entrer en Carême le 14 février, n’est-ce pas une invitation ? Se laisser dépouiller de tout le superflu, pour ne garder que l’essentiel : l’amour de Dieu pour nous, à transmettre à nos semblables ! Voici un beau défi pour préparer Pâques : mettre en pratique la conclusion de ce chapitre biblique sur l’amour… « Maintenant, trois choses sont toujours là : la foi, l’espérance et l’amour. Mais la plus grande des trois, c’est l’amour. » (1 Corinthiens 13, 13).

Arthur GERSTLÉ-JOLY

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