Il y a un siècle finissait la Première Guerre mondiale. Plutôt que de célébrer la victoire, on a cette année célébré la paix. C’est déjà un progrès, mais un progrès seulement, la victoire de 1918 n’ayant débouché que sur des traités qui n’ont pas garanti la paix. La paix ne se limite pas à l’arrêt des hostilités. Elle peut être une perspective pour un monde autre fondé sur des projets communs, des rencontres, le respect des différences… Mais la paix rêvée par tous n’est pas simple à mettre en place, car celle qui est la mienne ne correspond pas spécialement à celle que souhaite mon adversaire… Délicate à mettre en place, est-elle impossible ? toujours fragile ? Continuer la lecture de « Guerre et paix »
Editorial Novembre
Il y a au mois de novembre comme un parfum de nostalgie. Est-ce l’automne ? L’éloignement des vacances d’été ? Le temps des premières fraîcheurs ? Ou est-ce le fait de commencer ce mois par honorer les morts ? Au lendemain de la Toussaint, fêter les morts, un jour spécial par an, me semble curieux. Le seul avantage que j’y vois est que les cimetières sont particulièrement colorés ces jours-là. Pourquoi un jour spécial ? Est-ce, plus ou moins refoulé, la peur des morts auxquels on ne manque pas d’apporter un petit cadeau sous forme d’un chrysanthème ? Signe d’un culte des morts auquel ce rituel appartient ? Sans doute y a-t-il dans ce geste un signe d’affection vis-à-vis de la personne disparue ! Continuer la lecture de « Editorial Novembre »
Editorial
Au moment où j’écris ces lignes, une bruine légère tombe sur la ville. Après un été caniculaire, on se prend à rêver et à espérer un peu de fraîcheur… Parler du temps qu’il fait nous ramène souvent au niveau de discussions du « café du commerce »… Continuer la lecture de « Editorial »
La cigale et la fourmi
La fable « La cigale et la fourmi » a fait rêver et a préoccupé des générations d’élèves. Combien l’ont apprise par coeur et combien ont subi la leçon de morale : « Voyez, chers enfants, la prévoyance, le travail, le sérieux qui garantissent l’avenir…
Prenez exemple sur la fourmi industrieuse et travailleuse et surtout ne soyez pas comme la cigale qui ne pense qu’à faire la fête et qui est incapable de gérer les difficultés. Continuer la lecture de « La cigale et la fourmi »
Partir
L’aventure biblique est marquée par le voyage : celui d’Abraham abandonnant Ur pour la Palestine, celui de Moïse et des Hébreux sortant d’Égypte, l’exil à Babylone et le retour à Jérusalem. Toujours des temps forts, des moments où Dieu se révèle comme le Dieu des pères, le Dieu du peuple fidèle et épris de justice. Les discours prophétiques qui accompagnent ces voyages révèlent peu à peu Dieu qui apparaît en plénitude dans le Nouveau Testament : un Dieu amour comme l’écrit Jean. Le message de la grâce qui passe des Hébreux au monde implique des déplacements multipliés. À l’instar de Jésus qui ne tient pas en place, les apôtres se lancent sur les routes du monde. Sans mouvement, pas de rencontre, pas d’évangélisation.
L’humanité a toujours bougé. Partie d’Afrique il y a des millions d’années, notre espèce a peuplé le monde par vagues successives, et l’histoire nous apprend que les migrations ont été incessantes. Les routes existent depuis l’aube de l’humanité. La fuite, le commerce, la curiosité, la recherche de nouvelles richesses, l’échange culturel, l’aventure, la guerre sont des mobiles puissants qui poussent les hommes sur les routes. Aujourd’hui les étudiants vont en stage à l’étranger, les vacanciers volent vers des rives ensoleillées. D’autres peuplent des stades lointains pour des jeux olympiques ou des coupes du monde de foot!… Retour aussi sur les terres des ancêtres où l’on se ressource, ainsi tel village des Cévennes multiplie sa population par dix entre l’hiver et l’été ! Sans compter les déplacements pendulaires quotidiens des travailleurs. Va-et-vient de millions de personnes… L’humanité est une vraie fourmilière.
Hélas, catastrophes, misère ou guerre, politiques absurdes et injustes poussent des milliers de gens sur les routes de l’exode. Nouveaux horizons, lendemains qui chantent, espoirs donnent la force de tout abandonner… Mais la croissance des masses humaines est telle que les problèmes migratoires d’aujourd’hui ne sont que les prémices d’un avenir qui sera dur à gérer. Les drames dont la presse se fait écho – un enfant mort sur une plage ou un bateau errant de port en port – illustrent le quotidien de trop nombreuses personnes dans le monde. Ignorer le problème est criminel et ne résout rien. Refuser d’accueillir la détresse est moralement insoutenable. Accueillir tout le monde dans des conditions correctes nécessite un changement de mentalité et de société considérable et long à mettre en place…
L’information reste fondamentale, la révision des politiques internationales pour aider les pays de départ est nécessaire, accueillir quand on peut le faire est en grande partie la solution dans l’immédiat. Faire ce qu’on peut en ayant conscience que la diaconie est école de modestie est sans doute la voie la meilleure. Logeons, mettons en place le français langue étrangère, aidons à constituer des dossiers, etc. À chacun d’agir selon ses possibilités et ses charismes. Mais surtout, quand nous partons en vacances, n’oublions ni ceux qui restent ni ceux qui errent, en fuite, sur les routes du monde.
Vincens Hubac